Le Sacrifice d’Oren
Les cloches ne sonnèrent pas.
Oren tomba dans le silence.
Oren tomba dans le silence.
Sous un ciel de cendres, la cité de pierre se fissurait, non sous le poids d’un siège, mais sous celui d’une présence invisible. Le Signe de la Discorde avait parlé et les cœurs des hommes avaient obéi. Certains riaient en se jetant sur leurs propres lames ; d’autres pleuraient en étranglant leurs amis. Les plus chanceux fuyaient sans regarder en arrière.
Au pied du temple d'Einhasad, l’Intendant d’Oren, une ombre d’homme aux yeux perdus, rassembla les derniers survivants. Derrière lui, des enfants hagards, des vieillards en sang, quelques femmes portant tout ce qu’il leur restait : des souvenirs. Face à lui, les aventuriers venus d’Aden écoutaient en silence.
« Le Maréchal Tiberius… a un plan. Aidez nous.
Vous êtes les derniers à porter le feu. Le dernier espoir des Orinois »
Il leur parla des rubans rouges, laissés par un éclaireur. Il leur parla du Village des Chasseurs, où une certaine Erin Thorion, la Chasseresse, les attendait. Il leur parla de courage, de sacrifice. Et à la fin, il ne dit plus rien. Car deux gardes, le regard vidé par le Signe, l’appelèrent traître… et l’égorgèrent à coups de lance.
Ainsi commença l’exode.
Dans les égouts d’Oren, les couloirs suintaient la folie. Des voix sans corps murmuraient des noms oubliés. Des larmes coulaient d’yeux qui ne voyaient plus. Et un enfant murmurait :
« Ma mère me dit de rester. Mais elle est morte… hier. »
Le groupe, guidé non par les rubans mais par l’instinct ou peut-être par la peur prit un chemin détourné. Ils évitèrent ainsi les patrouilles. Un raccourci vers la vie, que le destin leur permit. Ou pardonna.
Pendant ce temps, aux portes de la ville, le Murmure d’Iskar silhouette pâle et fidèle second de Khael Valdis — réunissait les siens. À ses côtés, les fanatiques du clan Anathème, et le Signe suspendu aux remparts : un bouclier noir, gravé de glyphes mouvants. Les plus faibles chancelaient en l’approchant. D’autres… riaient dans leur sommeil.
L’assaut fut bref. La ville, presque vide. Quelques soldats impériaux hurlaient encore — certains de rire. La Discorde avait vidé Oren avant la guerre.
Mais ce n’était qu’un prélude. Car à l’est du château, Blaf, un nain aux poings noirs et à la bannière d’acier, attendait. Le Clan du Fer d’Enfer, se ralliait les à la bannière de Valdis. Sous ses ordres, l’assaut du château fut lancé.
Et pendant que les pierres d’Oren tombaient, Herbert, Lotus et Hallar, les trois survivants d’Aden, atteignaient le village de la Chasseresse. Erin Thorion les accueillit comme des frères. Les enfants, affamés, pleuraient dans ses bras. Et déjà, elle pensait à la suite : les fanatiques approchaient. Alors elle demanda aux aventuriers d’éloigner la menace ou de la grimer. Et les cadavres des fanatiques furent laissés aux crocs des hommes-lézards. La guerre, après tout, a toujours besoin d’un masque.
Dans le château, la bannière impériale fut arrachée. Xathryn, Syrael, Xelona et Ezkrael — seigneurs d’un jour — contemplaient leur conquête. Puis les portes s’ouvrirent.
Khael Valdis entra.
Derrière lui, le Murmure. Autour de lui, le silence. Il les félicita, froidement. Leur annonça la vérité : le Maréchal Tiberius avait fui non par lâcheté, mais par stratégie. Il avait ouvert la porte à Elmore. À Eisenwolf, le roi des loups. Un roi avec une dette de sang envers Khael Valdis.
Et déjà, dans le lointain, des corbeaux tournoyaient.
« Préparez-vous, » dit-il.
« Car le loup vient. »