Elmoreden

À QUI SAURA COMPRENDRE

Affiche clouée sur une poutre humide des bas-quartiers de Giran.

Les nobles règlent leurs affaires au grand jour.
Les autres paient pour que cela reste dans l’ombre.

Un homme d’importance — qui n’a pas de nom — cherche une main discrète pour une tâche tout aussi discrète.
Pas de questions. Pas de témoins. Pas de dettes.

Les curieux s’abstiennent.
Les bavards disparaissent.

Si vous avez le courage et pas trop de morale, présentez-vous à la tombée du jour près des pontons au port de Giran.
Une lanterne verte sera allumée.
(hrp : prendre contact avec moi)

— Que les faibles détournent les yeux.

Gorsh qui s'apprêtait à entrer dans l'épicerie du quartier sud-ouest de la ville, s'arrête pour observer la populace qui s'agglutine devant ce bout de papier cloué au mur. Bizarre, personne ne prêt attention à sa personne. D'ordinaire on tâche d'éviter de le croiser de trop près. Sa corpulence et sa couleur de peau ne sont pas ce qu'il y a de plus recommandable par les temps qui courent. Un orc au milieu d'un groupe d'humain, c'est plutôt rare.

" Quoi se passer ici ? " L'orc demande timidement.
Aucune réponse. Le guerrier aimerait comprendre pourquoi un tel attroupement.
" Vous n'avez qu'à lire l'affiche ! Et puis arrêtez de me pousser s'il vous plaît ! "
Gorsh n'a pas prêté attention à la vieille dame qui doit faire la moitié de sa taille.
" Vous excuser moi. Pardon.
— Il n'y a pas de mal, rassurez-vous. J'ai juste eu un peu peur que vous ne m'écrasiez le pied. "
Comment pourrait elle lui en vouloir ? Les yeux de l'orc le trahissent et elle peut le lire tel un roman.
" Vous ne savez pas lire c'est bien ça ? "
L'orc opine légèrement de la tête, honteux. La grand-mère lui fait signe de se baisser et lui chuchote à l'oreille.
" Ça pas bon. Gorsh pas faire choses mal.
— Et vous avez bien raison, grand bien vous fasse. Jeune hom... Jeune orc. Navré, mauvaise habitude. "
L'orc s'incline et remercie la femme de l'avoir renseigné sur les évènements.
" De rien mon grand, et faites attention à vous. "
Sur cette recommandation, elle lui fait au revoir de la main et disparaît au premier coin de rue.

Sous le bar côté clientèle, non loin des fût de bière, une croix est gravée grossièrement dans le bois au couteau.
Seul un œil attentif la remarquera.