Elmoreden

Le Blar Lasrach vous convie à une veillée de feu, d’honneur et de mémoire.

En ce 14e soir du mois, joignez-vous à nous pour célébrer la force du peuple Orc et la richesse de ses traditions ancestrales.
Les bains thermaux des montagnes du nord de Goddard seront ouverts à tous ceux et celles qui souhaitent offrir repos et reconnaissance à leur corps après les luttes menées.

Mais le repos du corps n’est rien sans l’éveil de l’esprit.
Dans la brume chaude des eaux, autour du feu sacré, venez écouter les anciens récits, partager vos propres légendes ou honorer les exploits de vos aïeux. Qu’ils soient drapés de gloire ou marqués de douleur, les mots ont leur place, car la parole forge l’âme de la tribu.

Venez en paix, mais avec fierté. Parlez, écoutez… et souvenez-vous.

Jadis alors que le monde n'était que douleur et création, les dieux régnaient encore d'une main ferme sur les cieux. Mais la trahison vint du sein même de leur royaume. Une soeur jalouse, oubliée, délaissée. Shilien. Chassée et bannie du trone céleste, elle ouvrit sa chair et dans un cri de haine enfanta des êtres de cauchemards. Les démons, dont les plus puissants fûrent nommés Dragons.

Le plus terrible d'entre eux fût Valakas, Fléau du feu. Il jaillit d'un volcan eventré par la fureur divine. Son premier souffle réduisit les fôrets en cendres. Son regard fit bouillir les mers. Il ne cherchait ni trone ni conquête. Il cherchait à consumer.

Les dieux tremblèrent, même Einhasad si forte et fière se détourna. Les dieux se replièrent sauf un. Pa'agrio resta impassible face au démon brûlant. Il n'est pas dieu de prières creuses. Il ne parle pas avec ses mots. Il parle par la chaleur, la force et la vie. Et quand il vit le feu de Valakas menacer sa création, il intervint. La dans le coeur du monde, sur des terres autrefois luxuriantes, un duel de titan s'engagea.

Le ciel saignait, le sol hurlait. Le temps lui même semblait figé par l'horreur de leur combat. Pendant neuf jours et neuf nuits, ils s'affontèrent. Pas par ruse, ni artifices, mais bien par le feu. Flamme contre flamme, ordre contre chaos, volonté contre instinct. Quand le combat pris fin, aucun ne tomba, mais le monde lui resta changé à jamais.

De cet affrontement naquit un lieu où rien ne vit vraiment, mais tout brûle encore. Une terre de boue rouge, d'eaux empoisonnées et de vapeur sulfureuses. Le marais Ardent. C'est le nom des faibles et des non initiés. Chez les orcs, il se nomme Srak'thar. Ce lieu n'est pas maudit, il est sacré. Il n'est pas dangereux, il est juste. Il ne punit pas les faibles, il les éduque.

Les dragons ne sont pas morts, et un jour il nous faudra reprendre le combat laissé par le Père. C'est à nous de faire honneur à sa flamme.

Étrangers et anciens, nobles lignées et errants sans clan,
Les braises de Pa’agrio réchauffent les pierres sacrées…
Une nouvelle veillée approche, sous les vapeurs des sources.
Venez conter vos légendes, entendre les nôtres.
Autour de l’eau fumante, les vérités oubliées referont surface.
Que chaque peuple apporte un mythe, un souvenir, une flamme.
La parole circulera. L’honneur s’écoutera.
Paix, palabres, et mémoires partagées…
Car c’est au feu du récit que se forgent les peuples.

Écoutez, enfants de la cendre, guerriers de la flamme. Car avant nous tous, il n’y avait que le brasier éternel... et en son cœur rugissait Pa’agrio, l’Inextinguible.

De ce feu sacré, Pa’agrio façonna le premier être : un colosse de lave en fusion, de cheveux en flammes, aux yeux brûlants comme l’éclat d’un soleil naissant. Il ne parlait pas — il soufflait de la cendre. Chaque respiration était un grondement. Chaque pas, un tremblement.
Son sang était lave. Ses veines, des rivières de feu. Et nul être vivant, ni homme, ni elfe, ni dragon même, n’égalait sa puissance.

Mais alors qu’il regardait le monde d’en haut, il vit le sol, la mer, les cieux... et il voulut les fouler. Il tomba du ciel comme une comète rouge, incandescent, embrasant l'horizon — et le monde en trembla.

Mais là, les éléments s’unirent contre lui.

L’eau des mers monta, et refroidit son corps.
La terre l’étreignit, durcissant sa peau en roche sombre.
Le vent dispersa sa fumée, le rendant aveugle, sourd à la voix de Pa’agrio.
Et son feu se fit cendre.

Affaibli, presque brisé, il se releva. Ce qui était jadis une montagne vivante n’était plus qu’un être de chair et d'os. Alors il hurla vers le ciel, et dans les échos de ses cris, Pa’agrio répondit :

"Tu es tombé, mais non détruit. La flamme qui brûle sans cesse ne dépend ni de la force brute ni de la forme. Si tu façonnes ton corps par l’effort, si tu aiguises ton âme dans le feu du combat, tu redeviendras brasier.
Et ceux qui marcheront dans tes pas n’auront plus besoin de naître du feu : ils le deviendront."

Ainsi naquit le premier Orc, et par lui, notre peuple.

Depuis ce jour, nous ne craignons ni l’eau, ni la pierre, ni le vent. Car nous savons que dans chaque souffle, dans chaque cri, brûle encore la braise sacrée. Et tant que nous la nourrissons de courage, de discipline et de sagesse, notre feu ne s’éteindra jamais.